2012/09/27

 

À bientôt, chérie, nous nous arrêterons une semaine au plus à Chantepleurs, et nous serons chez toi vers le 10 mai. Nous allons donc nous revoir après plus de deux ans. Et quels changements! Nous voilà toutes deux femmes: moi la plus heureuse des maitresses, toi la plus heureuse des mères. Si je ne t'ai pas écrit, mon cher amour, je ne t'ai pas oubliée. Et mon filleul, ce singe, est-il toujours joli? Me fait-il honneur? Il aura plus de neuf mois. Je voudrais bien assister à ses premiers pas dans le monde; mais Macumer me dit que les enfants précoces marchent à peine à dix mois. Nous taillerons donc des bavettes, en style du Blésois. Je verrai si, comme on le dit, un enfant gâte la taille.

P.S. - Si tu me réponds, mère sublime, adresse ta lettre à Chantepleurs, je pars.

HONORÉ DE BALZAC, França, in Mémoires de Deux Jeunes Mariées, 1841


Até breve, querida, ficaremos no máximo uma semana em Chantepleurs, e estaremos em tua casa por volta de 10 de Maio. Voltaremos a ver-nos ao fim de mais de dois anos. E quantas mudanças! Eis-nos ambas mulheres: eu a mais feliz das amantes, tu a mais feliz das mães. Se não te escrevi, meu amor querido, também não te esqueci. E o meu afilhado, esse macaco, continua bonito? Está à minha altura? Deve ter mais de nove meses. Gostaria muito de assistir aos seus primeiros passos: mas Macumer diz que são raras as crianças, mesmo as precoces, que andam com dez meses. Faremos babetes à moda do Blésois. Verei se, como dizem, uma criança estraga a figura.

P.S. - Se me responderes, mãe sublime, envia a carta para Chantepleurs, agora vou.

2012/09/05


A quatre heures du matin, l’été
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bocages s’évapore
L’odeur du soir fêté.

Là-bas, dans leur vaste chantier
Au soleil des Hespérides,
Déjà s’agitent ― en bras de chemise ―
Les Charpentiers.

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la ville
Peindra de faux cieux.

O, pour ces Ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus! quitte un instant les Amants
Dont l’âme est en couronne.

O Reine des Bergers,
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie,
Que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer à midi.


ARTHUR RIMBAUD, França
in “Une Saison en Enfer”, 1873



Às quatro da manhã, no Verão
O sono de amor dura ainda.
Sob os arbustos evapora-se
O odor da noite festejada.

Lá longe, no vasto estaleiro
Ao sol das Hespérides,
Já se agitam ― em mangas de camisa ―
Os Carpinteiros.

Nos Desertos de espuma, tranquilos,
Preparam os lambris preciosos
Onde a cidade
Pintará falsos céus.

Oh, pelos Operários encantadores
Súbditos dum rei da Babilónia,
Vénus! deixa um instante os Amantes
Cuja alma se engalanou.

Ó Rainha dos Pastores,
Leva aos trabalhadores a aguardente,
Que as suas forças se aquietem
Enquanto esperam o banho no mar ao meio-dia.